La pédagogie liée à l’enseignement en première année ne peut se résoudre à veiller à faire acquérir des compétences, même si celles-ci sont essentielles dans la progression des études. La première année est également l’opportunité, pour les étudiants, de saisir ce que l’architecture peut être et de commencer à définir un intérêt envers elle. En ce sens, l’étendue des attitudes et regards des enseignants du groupe est fondamentale pour pouvoir décrire le milieu dans et vers lequel s’orienter. Huit ateliers ont été durant cette année le laboratoire de cette étendue.

De cet objectif pédagogique, deux caractères de notre enseignement peuvent être identifiés :

• La stimulation et l’évaluation doivent porter sur la motivation et sur l’intérêt pour l’architecture tout autant, voire plus, que sur l’acquisition de compétences « techniques ».
• Les exercices proposés ne doivent pas se limiter à engager la résolution d’une question (par exemple, un programme). Les exercices doivent soutenir la saisie et la définition d’un domaine spécifique dans lequel ces questions se posent.

Pour soutenir ces caractères, notamment la capacité à saisir un domaine spécifique à l’architecture, l’exercice commun adopté pour le second quadrimestre a veillé tout particulièrement à établir, dans une architecture temporaire, une vraisemblance propre au contexte de cet exercice.

• L’architecture temporaire crée (détermine) un espace pour une (ou des) occupation dans une temporalité limitée. Elle intervient ainsi sur le domaine public dans un contexte limité sans devoir prendre en charge une « destinée » du domaine public par son action sur lui. La responsabilité liée à cette action est ainsi délimitée et précisée.
• L’architecture temporaire travaille dans un entre-deux. Un entre-deux temporel mais également un entre-deux matériel car la matière utilisée sera immanquablement réutilisée dans une visée accessible conceptuellement.
• L’architecture temporaire révèle des possibilités d’occupations à partir de son action sur l’espace. En rénovation ou en construction neuve (ce qui est à priori envisagé ici par simplification), ce processus de production d’abri est une constance propre à son action spécifique.

Ce cadre de travail permet de poursuivre, bien plus avant, la recherche de compétences mise en place au premier quadrimestre. Ces compétences sont liées à des attentions précises.

• Attention à la spatialité, ou encore attention à la capacité d’un espace ou d’un ensemble d’espaces à conforter par leur(s) dimension(s) et leur caractère, une inclination mutuelle et, par là, des capacités d’occupation et d’usages.
• Attention à l’extérieur comme en-soi, ou encore attention au caractère de l’environnement dans ses caractéristiques propres, dans son propre « devenir », attention aux rapports que pourront alors entretenir architecture et environnement, attention aux dispositifs d’interface entre ces mondes.
• Attention à l’architectonique, ou encore attention aux relations entre écriture (composition), structure et matérialité induites par le projet d’architecture. Dans ce cas précis, la possibilité de démonter l’ouvrage après son temps d’usage créée une facilité à envisager sa production.

Ces différents objectifs s’inscrivent dans une production de réalité (de vraisemblance) au sein de l’exercice. La fiction de l’exercice porte ainsi sur le récit qui le structure et non pas sur sa production ou sur le contexte qui le porte.