Contextes des émergences patrimoniales en Afrique subsaharienne. Les patrimonialités à l’épreuve de la mondialisation
Yves Robert
Le travail a pour ambition de mettre en lumière des contextes d’émergences patrimoniales en Afrique subsaharienne. Il interroge les relations entre, d’une part les discours officiels des institutions, les textes doctrinaux et les consciences patrimoniales occidentales et, d’autre part, les patrimonialités émergentes ou simplement moins étudiées des terrains africains que nous avons pratiqués. La question qui nous amine est celle du décalage existant entre les ambitions officielles et internationales amenant à la reconnaissance d’un patrimoine notionnel dominant et les consciences patrimoniales plus diversifiées et complexes portées par des communautés et groupes sociaux éloignés des sphères institutionnelles (un patrimoine expérientiel). L’objectif est de dépasser la tension entre les discours sur les patrimoines autorisés (« Authorized Heritage Discourses ») et le patrimoine « par la base » (« heritage from below ») pour mieux faire reconnaitre les patrimonialités émergentes et par cette identification favoriser leur meilleure prise en compte par les législations nationales et les textes normatifs internationaux. Il s’agit donc aussi d’une forme de remise en cause de « l’hégémonie » de certaines approches internationales.
Plus précisément, la perspective proposée est celle d’une réflexion patrimoniale refusant un « centrement » (une égohistoire) sur le seul référentiel occidental des enjeux patrimoniaux. Ces derniers sont questionnés sous un horizon pluriel mis en lumière par le concept de traduction interculturelle selon une approche relevant globalement des « postcolonial studies ». Nous défendons une conception interculturelle du concept de patrimoine dépassant les clivages entre la modernité et la postmodernité pour adopter une approche radicante, qui enrichit les catégories patrimoniales et impose bien souvent de reconsidérer l’interface entre colonialité et décolonialité et à refuser une lecture binaire « nord-sud » de ces questions. L’analyse effectuée à travers les terrains patrimoniaux pratiqués nous amène aussi à enrichir les patrimonialités de nos sociétés en proposant d’associer à la pensée « objectale » du patrimoine (centrée sur les questions d’authenticité) propre à l’Occident, une pensée « relationnelle » du patrimoine socialement plus inclusive, car fondée à partir des réflexions des communautés concernées. Le propos n’est donc pas de refuser frontalement l’occidentalisation de certaines approches en marginalisant l’apport de documents doctrinaux rédigés par l’UNESCO, l’ICOMOS ou DOCOMOMO, mais bien d’éclairer des situations où s’opèrent des alliances entre des ambitions internationales et des réflexions locales en tentant de mettre en avant des formes de solidarité et d’enrichissement entre ces référentiels.
La réflexion proposée a été nourrie par la pratique de nombreux terrains africains dont le pays Koutammakou au Togo autour de la constitution d’un « tata-musée », le village de Walemba au Katanga en République Démocratique du Congo où s’opère encore la fonte traditionnelle du cuivre ouvrant sur des questions propres au patrimoine industriel précolonial, les villes de Likasi, Lubumbashi et Mbanza-Ngungu (RDC) lieux de réflexion autour des concepts de patrimoine colonial et décolonial, un ensemble de bâtiments postindépendances amenant à réfléchir à la patrimonialisation de l’architecture postcoloniale en Afrique et enfin une série de monuments aux coloniaux dont la présence, parfois litigieuse au sein de l’espace public africain, questionne.
Très pratiquement, le travail conduit in fine à réfléchir à la pertinence d’outils de patrimonialisation calqué sur l’Occident et à promouvoir une approche fondée sur les patrimonialités issues de l’expérience des communautés locales.
Open House
Tim Pierson
BA2
D’un côté on retrouve des maisons et des entrepôts qui nous emmènent vers le Wiels, de l’autre côté, une longue colonnade nous amène à la gare du midi. Situé entre deux mondes urbains différents, le projet, c’est-à-dire l’école de cirque, cherche à réunir ces deux contextes en les réduisant à leur fonction fondamentale, contenir et soutenir respectivement. C’est l’idée de base qui a guidé le projet et que l’on retrouve dans sa morphologie.
Ensuite, vient s’ajouter la volonté d’animer le quartier, qui présente aujourd’hui un aspect triste et délaissé. Afin d’y parvenir, le projet cherche à s’ouvrir au maximum sur le quartier, d’être en constante communication avec celui-ci à travers des relations visuelles et de créer des espaces publics et privés que les étudiants de l’école mais aussi les habitants du quartier pourront s’approprier. D’où le nom « Open House ». C’est ainsi que le rez-de-chaussée peut s’ouvrir entièrement du côté rue, afin de rendre la limite entre intérieur et extérieur et donc privé et public floue. La cafétéria devient publique et peut s’étendre vers la rue. Différents équipements, marqués en rouge, viennent s’insérer dans le projet et créent davantage d’espaces appropriables. D’autre part, le programme a été adapté aux intentions. La salle de classe et la salle de réunion ont été remplacées par le grand espace central du R+1 doté de gradins amovibles. Cela crée un espace polyvalent, capable de s’adapter à une multitude d’usages.
L’école de cirque cherche à créer un point focal dans le quartier, tant pour les étudiants que pour les habitants, afin de lui redonner un peu de vie.