Centre culturel, marché et logements à Ixelles
Emmanuelle Florentin
Jury Universitaire
Comment faire de l’architecture en temps de pandémie ? La question se pose. Cependant ce projet n’a pas pour vocation de donner une réponse. Il tente seulement de ne pas ignorer le contexte sanitaire actuel et ainsi de prendre en compte les faiblesses de notre société mises en exergue par la pandémie, afin d’esquisser des manières d’appréhender cette nouvelle réalité. En effet, celle-ci nous rappelle les inégalités face à l’accès aux espaces extérieurs de qualité, surtout végétalisés, et ce à l’échelle du quartier comme à l’échelle du logement. Elle met aussi en évidence la fragilité du réseau mondial d’approvisionnement alimentaire ; ou encore les dimensions des espaces publics qui rendent difficile le respect des distanciations sanitaires nécessaires (par exemple la taille des trottoirs à Bruxelles).
Le projet se situe au sein du quartier universitaire, soit la zone comprise entre le campus du Solbosch, le campus de la Plaine et le site des anciennes casernes d’Ixelles. Il s’appuie sur la caractéristique traversante de la parcelle pour dessiner une rue piétonne permettant de résoudre partiellement le problème de mobilité pédestre sur l’axe Solbosch-La Plaine, à l’échelle du quartier. Le projet s’organise le long de cette rue : au Nord le bâti et au Sud les espaces extérieurs avec un parc.
A l’échelle du bâti, deux grammaires architecturales coexistent, la nappe et le volume monolithique. La nappe intègre le marché ainsi qu’une partie du centre culturel. Sa composition spatiale a été réalisée à l’aide d’une trame mesurant trois mètre cinquante de côté. Cette dimension est à la fois la distance nécessaire à une circulation fluide en espace public, et à une distanciation règlementaire d’un mètre cinquante entre deux individus. Elle est aussi une dimension permettant d’établir les stands du marché. D’autre part, les deux volumes monolithiques accueillent le centre culturel et la brasserie du côté chaussée de Boondael (à caractère commerçant), tandis que les logements occupent les deux autres volumes côté rue de l’Eté (à caractère résidentiel).
Les logements sont pensés dans l’idée de « machine » où production alimentaire et habitat se côtoient. Vient s’ajouter à ces espaces de production un potager en pleine terre à destination certainement plus pédagogique. Les espaces extérieurs sont présents tant à l’échelle du collectif que de l’habitat. La salle de théâtre, quant à elle, est pensée afin de permettre des dispositions scéniques variées ainsi que des dilatations de la salle vers des espaces tels que l’espace extérieur couvert, la salle d’exposition et l’atelier. Cette flexibilité spatiale pourra faciliter l’adaptation des représentations théâtrales aux conditions particulières de pandémie.