MANO - Voyage en théorie
Gregorio Carboni Maestri, Kiran Katara, Pedro Monteiro de Sousa
« MANO » n’est pas un acronyme, mais un simple substantif féminin de la langue italienne ou castillane signifiant « main » et dérivant du mot latin « manus ». Selon Wilhelm Paul Corssen le mot serait attaché au sanscrit mâ-, qui signifierait « mesurer », « préparer », mais dont le sens primordial serait « construire », « manier ». Selon Enfey « mâ-nam » correspondrait à « celui qui mesure, qui embrasse, qui construit ». Selon le Larousse, la « main » est un « organe de la préhension et de la sensibilité, muni de cinq doigts, qui constitue l'extrémité des membres supérieurs de l'homme. » La main est également considérée comme un instrument : travailler de ses mains. Le Larousse nous rappelle que ce mot sert aussi à rendre l’image, parfois négative, de la force, de la vigueur d'une actiaon : mener un projet d'une main de fer. Ce mot sert, aussi, à définir l’image ou le symbole d'un acte, de celui qui le fait : « chercher une main secourable ». Historiquement, dans le monde des mesures, la main est, en outre, une unité de longueur. Dans les arts, la main est la « spécificité de l’artiste », surtout en peinture et en dessin : la « main de Léonard de Vinci ». Dans l’Industrie du papier, la main est l’ensemble de vingt-cinq feuilles de papier ou vingtième de rame.
MANO synthétise la volonté de renvoyer aux notions fondamentales de « faire avec les mains », de dessin, de la pensée qui se fait projet, de l’aspect humain, de culture spatiale et constructive, de l’art de bâtir : l’architecture en tant que discipline architectonique.
MANO croit en l’Homme et en la nécessité de lier les distances aux valeurs de l’humain. Hommes et femmes libres, qui, tel l’oiseau, peuvent voyager, se déplacer, contempler son environnement vital, appréhender le génie des lieux.
L’atelier MANO propose de faire naître l’émerveillement par l’attitude du «dé-paysement» en créant les conditions d’une forme de rupture avec le connu. Le voyage est une attitude qui rend possible l’apprentissage par déplacement proche, même au sein de l’intramuros. Se déplacer vers « l’ailleurs » est fondamental et ouvre tant aux autres disciplines, qu’à d’autres villes, pays, continents mais aussi à d’autre positionnements intra-disciplinaires avec d’autres écoles d’art, architecture, etc. Le retour est aussi important que le voyage.
Pour MANO l’étudiant.e doit trouver « l’étincelle » qui allumera et guidera l’intentionnalité future, le désir d’apprendre et de faire projet. Le voyage d’architecte propose cette « étincelle » comme un moyen de développer une attitude, celle de l’architecte capable de mettre à l’épreuve sa propre radicalité par le déplacement, à la fois humble et engagé vers un ailleurs, une altérité, vers la question qui lui est posée dans toute sa complexité et toute ses richesses contextuelles. Tout problème de conception ou de définition architecturale débute par un effort en vue de parvenir à l’adéquation réciproque d’au moins deux entités : la forme considérée et son contexte. Le véritable objet n’étant pas la forme mais l’ensemble des relations entre la forme et son contexte.
Nous souhaitons partager une vision de l’architecture : le territoire et la ville (vue comme cité ou polis) sont des lieux de déploiement d’une poíēsis constructive dont l’appréhension se fait par la recherche in situ : du paysage à la pièce, nous traverserons les échelles, s’intéressant tant à la ville qu’à... la chaise !
Une approche entière plutôt que sélective propose un retour vers une figure de l’architecte multiple et non « spécifiste ». La pratique de l’architecture nécessite la sollicitation de liens entre échelle territoriale et de l’objet (mesurable et architecturalement défini) et le fragment (partie du tout). Dès la première année, ces 3 échelles sont convoquées en vue de tisser des liens. Le territoire est l’environnement, le paysage, l’infiniment grand, dans lequel le constructeur est amené à intervenir en vue de définir un espace habitable, capable de le mettre en relation avec le monde. Ces interventions introduisent l’échelle de l’objet architectural qui contient en lui l’ensemble des qualités architecturales liées à la définition architecturale de l’espace habité à travers l’Histoire : les proportions, les hiérarchies, les tracés régulateur, les rythmes, ... L’échelle du fragment, celle du détail est celle qui ancre l’architecture. Elle contient la dimension constructive, le travail de l’Homme, l’assemblage des matières et des éléments. Elle accompagne la cohérence de l’objet et de ses interactions territoriales.
L’atelier MANO s’efforce de construire un environnement d’apprentissage où le dessin, décliné sous toutes ses formes et expressions, redevient le medium de communication et d’exploration narrative. En dessinant nous construisons, en redessinant, nous reconstruisons. En redessinant, nous apprenons à représenter et à lire l’espace. Nous découvrons les hiérarchies internes du projet, celles qui font apparaitre la construction et la cohérence de l’espace architectural. Les configurations spatiales, les rythmes, les structures spatiales et constructives de l’édifice, les règles de compositions, les répétitions et les exceptions, les rapports plein et vide, les hiérarchies spatiales, les articulations sont autant de notions que l’architecte doit identifier dans la pratique du projet.
Si le dessin valorise les recherches, les conserver et les publier les rends accessibles à tous et participe à la mémoire. Mano veut valoriser ce travail dans une publication annuelle qui contribuera à la diffusion des thématiques étudiées de l’atelier. Elle sera pensée en amont afin que les étudiants se familiarisent à la communication du projet en élargissant à d’autres ateliers à l’échelle facultaire.
MANO - Voyage en théorie
Gregorio Carboni Maestri, Kiran Katara, Pedro Monteiro de Sousa
« MANO » n’est pas un acronyme, mais un simple substantif féminin de la langue italienne ou castillane signifiant « main » et dérivant du mot latin « manus ». Selon Wilhelm Paul Corssen le mot serait attaché au sanscrit mâ-, qui signifierait « mesurer », « préparer », mais dont le sens primordial serait « construire », « manier ». Selon Enfey « mâ-nam » correspondrait à « celui qui mesure, qui embrasse, qui construit ». Selon le Larousse, la « main » est un « organe de la préhension et de la sensibilité, muni de cinq doigts, qui constitue l'extrémité des membres supérieurs de l'homme. » La main est également considérée comme un instrument : travailler de ses mains. Le Larousse nous rappelle que ce mot sert aussi à rendre l’image, parfois négative, de la force, de la vigueur d'une actiaon : mener un projet d'une main de fer. Ce mot sert, aussi, à définir l’image ou le symbole d'un acte, de celui qui le fait : « chercher une main secourable ». Historiquement, dans le monde des mesures, la main est, en outre, une unité de longueur. Dans les arts, la main est la « spécificité de l’artiste », surtout en peinture et en dessin : la « main de Léonard de Vinci ». Dans l’Industrie du papier, la main est l’ensemble de vingt-cinq feuilles de papier ou vingtième de rame.
MANO synthétise la volonté de renvoyer aux notions fondamentales de « faire avec les mains », de dessin, de la pensée qui se fait projet, de l’aspect humain, de culture spatiale et constructive, de l’art de bâtir : l’architecture en tant que discipline architectonique.
MANO croit en l’Homme et en la nécessité de lier les distances aux valeurs de l’humain. Hommes et femmes libres, qui, tel l’oiseau, peuvent voyager, se déplacer, contempler son environnement vital, appréhender le génie des lieux.
L’atelier MANO propose de faire naître l’émerveillement par l’attitude du «dé-paysement» en créant les conditions d’une forme de rupture avec le connu. Le voyage est une attitude qui rend possible l’apprentissage par déplacement proche, même au sein de l’intramuros. Se déplacer vers « l’ailleurs » est fondamental et ouvre tant aux autres disciplines, qu’à d’autres villes, pays, continents mais aussi à d’autre positionnements intra-disciplinaires avec d’autres écoles d’art, architecture, etc. Le retour est aussi important que le voyage.
Pour MANO l’étudiant.e doit trouver « l’étincelle » qui allumera et guidera l’intentionnalité future, le désir d’apprendre et de faire projet. Le voyage d’architecte propose cette « étincelle » comme un moyen de développer une attitude, celle de l’architecte capable de mettre à l’épreuve sa propre radicalité par le déplacement, à la fois humble et engagé vers un ailleurs, une altérité, vers la question qui lui est posée dans toute sa complexité et toute ses richesses contextuelles. Tout problème de conception ou de définition architecturale débute par un effort en vue de parvenir à l’adéquation réciproque d’au moins deux entités : la forme considérée et son contexte. Le véritable objet n’étant pas la forme mais l’ensemble des relations entre la forme et son contexte.
Nous souhaitons partager une vision de l’architecture : le territoire et la ville (vue comme cité ou polis) sont des lieux de déploiement d’une poíēsis constructive dont l’appréhension se fait par la recherche in situ : du paysage à la pièce, nous traverserons les échelles, s’intéressant tant à la ville qu’à... la chaise !
Une approche entière plutôt que sélective propose un retour vers une figure de l’architecte multiple et non « spécifiste ». La pratique de l’architecture nécessite la sollicitation de liens entre échelle territoriale et de l’objet (mesurable et architecturalement défini) et le fragment (partie du tout). Dès la première année, ces 3 échelles sont convoquées en vue de tisser des liens. Le territoire est l’environnement, le paysage, l’infiniment grand, dans lequel le constructeur est amené à intervenir en vue de définir un espace habitable, capable de le mettre en relation avec le monde. Ces interventions introduisent l’échelle de l’objet architectural qui contient en lui l’ensemble des qualités architecturales liées à la définition architecturale de l’espace habité à travers l’Histoire : les proportions, les hiérarchies, les tracés régulateur, les rythmes, ... L’échelle du fragment, celle du détail est celle qui ancre l’architecture. Elle contient la dimension constructive, le travail de l’Homme, l’assemblage des matières et des éléments. Elle accompagne la cohérence de l’objet et de ses interactions territoriales.
L’atelier MANO s’efforce de construire un environnement d’apprentissage où le dessin, décliné sous toutes ses formes et expressions, redevient le medium de communication et d’exploration narrative. En dessinant nous construisons, en redessinant, nous reconstruisons. En redessinant, nous apprenons à représenter et à lire l’espace. Nous découvrons les hiérarchies internes du projet, celles qui font apparaitre la construction et la cohérence de l’espace architectural. Les configurations spatiales, les rythmes, les structures spatiales et constructives de l’édifice, les règles de compositions, les répétitions et les exceptions, les rapports plein et vide, les hiérarchies spatiales, les articulations sont autant de notions que l’architecte doit identifier dans la pratique du projet.
Si le dessin valorise les recherches, les conserver et les publier les rends accessibles à tous et participe à la mémoire. Mano veut valoriser ce travail dans une publication annuelle qui contribuera à la diffusion des thématiques étudiées de l’atelier. Elle sera pensée en amont afin que les étudiants se familiarisent à la communication du projet en élargissant à d’autres ateliers à l’échelle facultaire.