L’atelier TerrainS (avec un S final majuscule, pour affirmer le caractère pluriel et un certain tropisme méridional) se développe en lien avec le centre de recherche HABITER, et les modules de Questions d’Architecture ADP (Architecture-Développement-Patrimoine). On y met l’accent sur le lien entre l’architecture et le patrimoine entendu au sens large.

La thématique autour de laquelle se structure l’atelier est celle de l’architecture comme processus de transformation.

L’atelier vise à offrir aux étudiant.e.s les conditions d’une compréhension de l‘importance primordiale, dans la pratique du projet d’architecture, des conditions de son élaboration : le projet est informé/déformé par une série de « référentiels », de filtres qu’il s’agit, pour l’étudiant.e, d’apprendre à connaître/reconnaître. Le projet d’architecture y est abordé comme moment dans un processus de transformation du territoire qui est caractérisé par les conditions (sociales, économiques, culturelles…) d’émergence du projet, tant dans le chef de l’auteur de projet (qui peut être l’étudiant.e en architecture, l’architecte ou l’urbaniste maître d’œuvre, ou l’habitant.e ou groupe d’habitant dont l’action s’inscrit dans un processus d’auto-construction) que dans celui du destinataire (individu, groupe ou collectivité).

Énoncés 2021-22

Le principe de l’atelier a consisté à travailler sur une  série de projets/terrains distincts dans le cadre d’une thématique d’année commune, celle du rapport du territoire urbain à l’eau. Cette thématique englobante, qui adresse des questions d’urgence et d’actualité (les épisodes d’inondations dramatiques qui ont touché notre pays, mais aussi la vulnérabilité du littoral méditerranéen face au réchauffement climatique), a été amenée par des projets de recherche et enseignement auxquels les productions de l’atelier entendent contribuer.

L’atelier se développe sur les deux quadrimestres, considérés en continuité, le premier quadrimestre étant consacré à une approche analytique (travail de description), le second constituant un approfondissement par le projet.

1. Belgique (Bruxelles/Verviers): après un premier travail collectif destiné à rechercher et documenter la trace des projets et aléas liés à la gestion de l’eau à Bruxelles depuis le Moyen-Âge, tant sur terrain (pratique de relevé) que dans les fonds d’archive (notamment les archives de l’époque de Victor Besme, inspecteur voyer et principal auteur de la transformation de Bruxelles au XIXe), l’atelier a cherché à répondre, de manière projectuelle cette fois, à plusieurs situations du contexte urbain verviétois, sur la Vesdre, durement touché par les épisodes d’inondations qui ont affecté le pays durant l’été 2021. Ici aussi, la relation à la gestion de l’écoulement de l’eau, tant comme force motrice que vecteur d’assainissement, est centrale. A ce titre, l’accent a été tout particulièrement mis sur la notion de solidarité terrritoriale de bassin versant, et sur le lien entre l’infrastructure sociale et la vallée. Ce travail, développé en collaboration avec l’ULiège (atelier de Sophie Dawance et Virginie Pigeon), s’est basé sur un travail d’analyse développé durant les premiers mois de l’année académique par des étudiants du MSU de la Faculté (Master de spécialisation en urbanisme de la transition).
2. La lagune de Venise: le travail sur Venise s’inscrit dans le cadre du Projet Melimed, qui porte sur les effets du changement climatique et la résilience des territoires du littoral méditerranéen (projet de 3 ans, de septembre 2020 à septembre 2023 - melimed.eu). Le travail s’est développé sur l’année, avec un groupe limité à 15 étudiant.e.s. La réflexion a porté sur le territoire de la lagune de Venise, et s’est articulée autour de deux workshops inter-écoles (IUAVenise, ENSAMarseille, ENARabat, ULBruxelles) sur terrain, en octobre et janvier. Elle s’est axée autour de scénarios à long terme pour la lagune de Venise qui, une fois de plus dans sa longue histoire, a besoin d'être profondément repensée à la lumière des crises environnementales, sociales et économiques qui l'affectent. En particulier, à la suite de l'inondation de novembre 2019 et de la mise en service du MoSE, plusieurs idées de lagunes se bousculent dans le débat technique local. Après les différentes lois spéciales pour Venise, les désastreuses marées hautes récentes et les doutes sur l'efficacité des digues mobiles face au niveau moyen de la mer prévu avec le changement climatique, la question de la sauvegarde est devenue de plus en plus pressante : dans le débat émerge d'une part la nécessité collective de protéger la lagune et son fonctionnement hydraulique, et d'autre part de préserver l'immense patrimoine historique et artistique déposé à Venise et les autres îles historiques. À long terme, le changement climatique nous mettra tôt ou tard devant un choix inévitable, dans lequel les avenirs de Venise et de la lagune sont destinés à se séparer, où sauver l'un nécessitera de sacrifier l'autre.