Nous considérons la ville contemporaine comme un paysage structuré par d'intenses réseaux de transport. Ce projet convoque ainsi l'imaginaire de ces mégastructures intrusives, presque métabolistes dans leur nature, pour proposer une nouvelle manière de voir et d'expérimenter la ville. Inspiré par cette vision alternative, la Ligne Rouge propose une promenade continue pour piétons et cyclistes traversant la ville de Daegu en Corée, reconnectant deux couloirs verts existants et catalysant diverses interventions paysagères et architecturales le long de son parcours. Partant du constat que Daegu est en pleine restructuration après un long déclin économique et démographique, le projet propose une revalorisation du territoire basé non pas sur la tabula rasa mais sur la valorisation de l'existant et d'un urbanisme du paysage. Suggérant avant tout un cheminement à travers la ville, en se matérialisant à certains endroits clés en passerelle surélevée, la Ligne Rouge permet de franchir les discontinuités du territoire mais surtout, s'impose comme une infrastructure capable de reconnecter différents équipements publics entre-eux et de stimuler l'espace public au moyen de rampes, d'escaliers, de belvédères ou de micro-programmes insérés sous la passerelle. Ce faisant, en s'élevant à plus de 4m de haut, elle assume aussi un rôle paysager, révélant les complexités et contrastes du paysage urbain: juxtaposition des industries et quartiers résidentiels, coexistence de la ville et de collines naturelles... Et à la jonction des deux couloirs verts qu'elle relie, au niveau d'une vaste zone en semi-friche, la Ligne Rouge résout la rupture dans son parcours en organisant, de part et d'autre d'une topographie historique revégétalisée, la création d'un nouvel espace vert public autour d'un "bike-hub", et d'un nouveau paysage productif autour d'un "agri-parc", aménagé selon des principes d'agroforesterie. En traversant et connectant ces nouveaux éléments du territoire entre-eux, la Ligne Rouge plonge les usagers dans un paysage agricole et écologique offrant une vision alternative pour une ville post-industrielle et post-pétrole, avant de poursuivre sa course jusque dans le centre de Daegu, reconnectant près de 10km du territoire pour piétons et vélos.