Le projet de cet atelier a été de
Une succession d’ « accidents »
Souvent ces œuvres architecturales rangées un peu abruptement dans la catégories Organique sont difficiles à expliquer/situer/juger … Elles sont peu nombreuses dans les analyses architecturales, dans les Histoires de l’architecture, tant leur singularité les en aura exclues. Et comme une sorte de contrepartie, les quelques-unes qui existent dans ces lieux de médiation/diffusion de l’architecture sont « totemisées ». De Ronchamps de Le Corbusier, au terminal de la TWA d’E Saarinen, de l’opéra de Sidney de J. Utzon, au Goethaneum de R. Steiner … ces objets sont presque sur-montrés dans leur isolement, leur autonomie tant dans le déroulé de l’histoire que dans l’œuvre même de leur concepteur, ovni d’ovni.
Même si ces œuvres marquent les esprits et sont très largement diffusées, que certaines rencontrent un important succès (et public), elles sont très peu analysées, très peu mises en relation et très peu enseignées en tant que registre admis et admissible. Elles sont le plus souvent vantées par et pour leur caractère exceptionnel qui a pour effet de les rendre “inutilisables” comme références.
Dans un siècle dont l’histoire de l’architecture vante la victoire quasi absolue des rationalismes, ces expressions qui dépassent l’association rationalisme = formes géométriques simple voire orthogonales, sont malvenues.
Nous postulons qu’il est plus que temps, et que le moment est particulièrement bien choisi à l’heure de cette double dématérialisation (numérique et distancielle) de reconsidérer ce qui implique la matière, le corps, le mouvement, les évènements … avec plus de détermination, plus d’explicites, plus de reconnaissance !
Les mots manquent
Une fois dépassée la difficulté d’admettre ces expressions architecturales aux formes irrégulières encore faut-il avoir les mots pour en parler, les décrire, les analyser, les critiquer, les situer …
C’est là que la notion, le terme d’architecture organique est devenu à la fois un refuge et un piège. En effet à force des ranger l’inrangeable dans ce grand fourre-tout de l’architecture organique, la notion même, déjà très confuse lors de son élaboration aux Etats-Unis à la fin du XIXème siècle s’est encore plus obscurcie devenant tout-à-fait inopérante, inutile et brouillant encore plus ces cartes déjà difficile à saisir.
Il nous paraît donc important de risquer quelques catégorisations autour de ou des organiques afin de la préciser, la compléter et parfois mieux l’abandonner.
Une historiographie à (re)construire – à compléter
Très souvent l’historiographie (très XXème) de l’architecture Organique fait remonter ses origines à Frank Lloyd Wright et à son “Maitre” L. Sullivan, constituant l’histoire d’un organicisme idéologique américain (teinté de transcendentalisme). Elle passe ensuite très directement aux variants “exotiques” du Mouvement Moderne, Scharoun et Haring en Allemagne, A. Aalto en Finlande. Ce faisant, ou pour rendre les racines de ces expressions très individuelles, on esquive le lien que seront en Europe, W. Morris mais aussi Viollet-le-Duc, entre Gothique et Art Nouveau au nom de théorie ou d’engouements formels liés eux aussi à ces questions de Nature et de ses fondements.
C’est encore vrai dans le plus récent ouvrage édité aux presses de l’EPFL (mai 2020) “Organique” dans lequel Bruno Marchand et Christophe Joud constituent leur intéressant travail de refonte sur ces 2 “écoles” pour expliquer une “nouvelle” tendance de l’architecture suisse. Des pistes restent ouvertes telles que certaines architectures des années '50 '60 en Italie p. ex. ou plus récentes (déconstructivisme etc).
Nous proposons à la fois de viser à compléter cette histoire et de mesurer avec plus de précision ses ressorts.
Un registre formel à apprivoiser
Nous sommes tentés ou obligés de raccrocher la génération des formes (en architecture) à des théories – sans cela elles n’auraient ni raison d’être ni qualité. Nous postulons que, comme l’architecture a un degré certain d’autonomie par rapport aux conditions de la société dont elle est issue, les formes architecturales ont, elles-aussi une certaine autonomie. Nous proposerons donc aux étudiants de se familiariser intimement avec ce registre de formes organiques, événementielles (pour reprendre H Scharoun), hyperfonctionnelles, a-orthogonales … ce vocabulaire qui leur est probablement étranger. Pour ce faire, ils réaliseront des analyses par le re-dessin minutieux d’exemples qui leur seront proposés et par l’exercice de modeler – en terre meuble – ces projets étudiés. Ce passage par une dimension tactile, souple, à la limite du liquide aura bcp de vertus.
Il est important de pouvoir, chacun, identifier ses propres affinités et dégoûts et mesurer quand certaines expressions organiques deviennent kitsch, indigestes, … lorsqu’elles singent trop (à quel moment ? À quel point ? et à quelle échelle ?), par exemple, les formes de la nature ?
Les étudiants pourraient aussi être conduits à revisiter un projet personnel et de le réécrire à l’aune d’une obligation d’écoute plus grande du corps, de la déambulation, des vues, de la sonorité, de la fonctionnalité … que des formes non orthogonales peuvent produire – cfr les évolutions du projet de la Barceloneta de J-L Sert – très précisément documentées.
Programme
Au milieu d’une sélection de 13 architectures/thématiques, chaque groupe d’étudiants choisit 1 architecture afin de s’identifier à cet "objet" et il l'analyse de manière croisée sous toutes les coutures : théoriques, plastiques ... Chaque projet sera envisagé selon 2 échelles : le bâtiment, le fragment et cela selon divers angles : théoriques, graphiques etc
De plus les étudiants seront invités, au regard de l’impact qu’auront ces projets qu’ils étudient, à reconsidérer leur propre pratique à partir d’un projet personnel à peaufiner/refaire « à la manière » de …
Les thématiques sont les suivantes : organique.extrusif, organique.pyramidale, organique.tournassiné, organique.dazzle, organique.hyperfonctionnaliste, organique.étirable, organique par plaque, organique.déconstructiviste, organique.brutaliste, organique.bulles etc,organique par traction, organique structuraliste, organique/neo late art nouveau
Equipe
Le projet de cet atelier a été de
Une succession d’ « accidents »
Souvent ces œuvres architecturales rangées un peu abruptement dans la catégories Organique sont difficiles à expliquer/situer/juger … Elles sont peu nombreuses dans les analyses architecturales, dans les Histoires de l’architecture, tant leur singularité les en aura exclues. Et comme une sorte de contrepartie, les quelques-unes qui existent dans ces lieux de médiation/diffusion de l’architecture sont « totemisées ». De Ronchamps de Le Corbusier, au terminal de la TWA d’E Saarinen, de l’opéra de Sidney de J. Utzon, au Goethaneum de R. Steiner … ces objets sont presque sur-montrés dans leur isolement, leur autonomie tant dans le déroulé de l’histoire que dans l’œuvre même de leur concepteur, ovni d’ovni.
Même si ces œuvres marquent les esprits et sont très largement diffusées, que certaines rencontrent un important succès (et public), elles sont très peu analysées, très peu mises en relation et très peu enseignées en tant que registre admis et admissible. Elles sont le plus souvent vantées par et pour leur caractère exceptionnel qui a pour effet de les rendre “inutilisables” comme références.
Dans un siècle dont l’histoire de l’architecture vante la victoire quasi absolue des rationalismes, ces expressions qui dépassent l’association rationalisme = formes géométriques simple voire orthogonales, sont malvenues.
Nous postulons qu’il est plus que temps, et que le moment est particulièrement bien choisi à l’heure de cette double dématérialisation (numérique et distancielle) de reconsidérer ce qui implique la matière, le corps, le mouvement, les évènements … avec plus de détermination, plus d’explicites, plus de reconnaissance !
Les mots manquent
Une fois dépassée la difficulté d’admettre ces expressions architecturales aux formes irrégulières encore faut-il avoir les mots pour en parler, les décrire, les analyser, les critiquer, les situer …
C’est là que la notion, le terme d’architecture organique est devenu à la fois un refuge et un piège. En effet à force des ranger l’inrangeable dans ce grand fourre-tout de l’architecture organique, la notion même, déjà très confuse lors de son élaboration aux Etats-Unis à la fin du XIXème siècle s’est encore plus obscurcie devenant tout-à-fait inopérante, inutile et brouillant encore plus ces cartes déjà difficile à saisir.
Il nous paraît donc important de risquer quelques catégorisations autour de ou des organiques afin de la préciser, la compléter et parfois mieux l’abandonner.
Une historiographie à (re)construire – à compléter
Très souvent l’historiographie (très XXème) de l’architecture Organique fait remonter ses origines à Frank Lloyd Wright et à son “Maitre” L. Sullivan, constituant l’histoire d’un organicisme idéologique américain (teinté de transcendentalisme). Elle passe ensuite très directement aux variants “exotiques” du Mouvement Moderne, Scharoun et Haring en Allemagne, A. Aalto en Finlande. Ce faisant, ou pour rendre les racines de ces expressions très individuelles, on esquive le lien que seront en Europe, W. Morris mais aussi Viollet-le-Duc, entre Gothique et Art Nouveau au nom de théorie ou d’engouements formels liés eux aussi à ces questions de Nature et de ses fondements.
C’est encore vrai dans le plus récent ouvrage édité aux presses de l’EPFL (mai 2020) “Organique” dans lequel Bruno Marchand et Christophe Joud constituent leur intéressant travail de refonte sur ces 2 “écoles” pour expliquer une “nouvelle” tendance de l’architecture suisse. Des pistes restent ouvertes telles que certaines architectures des années '50 '60 en Italie p. ex. ou plus récentes (déconstructivisme etc).
Nous proposons à la fois de viser à compléter cette histoire et de mesurer avec plus de précision ses ressorts.
Un registre formel à apprivoiser
Nous sommes tentés ou obligés de raccrocher la génération des formes (en architecture) à des théories – sans cela elles n’auraient ni raison d’être ni qualité. Nous postulons que, comme l’architecture a un degré certain d’autonomie par rapport aux conditions de la société dont elle est issue, les formes architecturales ont, elles-aussi une certaine autonomie. Nous proposerons donc aux étudiants de se familiariser intimement avec ce registre de formes organiques, événementielles (pour reprendre H Scharoun), hyperfonctionnelles, a-orthogonales … ce vocabulaire qui leur est probablement étranger. Pour ce faire, ils réaliseront des analyses par le re-dessin minutieux d’exemples qui leur seront proposés et par l’exercice de modeler – en terre meuble – ces projets étudiés. Ce passage par une dimension tactile, souple, à la limite du liquide aura bcp de vertus.
Il est important de pouvoir, chacun, identifier ses propres affinités et dégoûts et mesurer quand certaines expressions organiques deviennent kitsch, indigestes, … lorsqu’elles singent trop (à quel moment ? À quel point ? et à quelle échelle ?), par exemple, les formes de la nature ?
Les étudiants pourraient aussi être conduits à revisiter un projet personnel et de le réécrire à l’aune d’une obligation d’écoute plus grande du corps, de la déambulation, des vues, de la sonorité, de la fonctionnalité … que des formes non orthogonales peuvent produire – cfr les évolutions du projet de la Barceloneta de J-L Sert – très précisément documentées.
Programme
Au milieu d’une sélection de 13 architectures/thématiques, chaque groupe d’étudiants choisit 1 architecture afin de s’identifier à cet "objet" et il l'analyse de manière croisée sous toutes les coutures : théoriques, plastiques ... Chaque projet sera envisagé selon 2 échelles : le bâtiment, le fragment et cela selon divers angles : théoriques, graphiques etc
De plus les étudiants seront invités, au regard de l’impact qu’auront ces projets qu’ils étudient, à reconsidérer leur propre pratique à partir d’un projet personnel à peaufiner/refaire « à la manière » de …
Les thématiques sont les suivantes : organique.extrusif, organique.pyramidale, organique.tournassiné, organique.dazzle, organique.hyperfonctionnaliste, organique.étirable, organique par plaque, organique.déconstructiviste, organique.brutaliste, organique.bulles etc,organique par traction, organique structuraliste, organique/neo late art nouveau
Equipe